• L'ABBE 54

     

     

     

     

    l'Abbé Pierre à la tête d'un enterrement Hiver 54        

    Un modeste propulsé dans les médias

    Un modeste propulsé dans les médias Son appel de 1954 est resté dans l'histoire. Modeste, il précise que : " Il y a cinquante ans, tous sortaient à peine des atrocités de la guerre. Tous avaient dû fuir, chacun se sentait proche des réfugiés. Les gens se rappelaient la souffrance et la peur. Ils étaient davantage prêts à réagir ".

    Cet homme qui ne cherchait rien pour lui, mais tout pour les pauvres, est désigné pourtant dix-sept fois par les sondages " personnalité préférée des Français ", ce qui est à la fois pour lui, selon ses mots, " une arme et une croix ".

    l’ABBé 54

     

    Cela interpelle, cela émeut,

    d’autant que l’opinion, se prête au jeu.

    Du moins, lorsque des enfants meurent de froid,

    qu’une femme est retrouvée gelée, avec sur soi,

    son avis d’expulsion, sur le boulevard sébastopol.

    Cela saisit, cela racole,

    à vous remplir tout un hôtel de luxe de dons,

    à croire qu’on en eût marre de toucher le fond.

     

    Mais c’était, il y a quarante ans,

    l’abbé Pierre avait remué l’âme des gens.

    En 1994, le saint homme est toujours là,

    avec quarante ans de misère dans son cabas.

     

    C’est que les h.l.m des années soixante,

    s’ils furent une trêve, aux baraquements et aux tentes,

    ont bien vieillis depuis.

    Et comme ces immeubles désuets, les hommes sont devenus gris.

     

    On n’imagine mal la solidarité de l’hiver 54,

    face à la misère écrasante, nous n’avons pas les réactions adéquates.

    On commence par se dire heureux d’avoir un emploi et un gîte,

    où le soir, l’on rentre au plus vite,

    pour se calfeutrer avec sa famille comme par souci égoïste.

    La peur nous étreint,

    nous pourrions être pour la plupart des saints,

    mais nous ne faisons rien.

    Un chèque au Téléthon, dix francs à Macadam tous les mois,

    et nous nous sentons bien !

    quelques promesses gouvernementales savamment répercutées par les médias,

    et voyez qu’il y a des bonnes volontés !

    on va pas quand même loger quelques S.D.F. à l’Elysée !?

    Et puis construire quelques petites maisons décentes,

    sans plus-value exorbitante,

    pour que les gens ne soient plus gris, mais verts,

    ce ne serait pas une idée révolutionnaire ???

     

    Mais s’en refaire ce monde,

    ne suffirait-il pas d’ouvrir quelques « asiles » à la ronde,

    que les municipalités tiennent ouverts des lieux d’accueil,

    où le dormir, le manger et le boire, seraient offerts à ceux qui le veulent.

    N’est ce pas un décret d’obligation publique ?

    Quatre millions de chômeurs, des milliers de sans domicile fixe,

    la situation n’est-elle pas assez catastrophique ?

    L’Etat n’est-il pas assez humain pour se donner ces impératifs ?

    Ou est-ce un état barbare qui ne pourra bientôt plus endiguer cette misère ?

    Redonner une dignité aux exclus ne lui semble pas nécessaire.

     

    Il faut dire halte-là à la faillite,

    pour nous, nos enfants et l’abbé Pierre pour sa lutte émérite.

    Mais quelle force surhumaine fera cela ?

    Quand le déclic se produira-t-il ?

    Nous ne pouvons pas poursuivre encore pendant quarante ans ce débat,

    où c’est que la misère séculaire resterait la plus subtile.

     

    JLB 1 Février 1994

     

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