• QUELQUES IDEES A RETENIR SUR L'HISTOIRE DE LA COMMUNE DE PARIS

     

    OSSEMENTS DE COMMUNARDS DANS LES CATACOMBES DE PARIS

    HISTOIRE DE LA COMMUNE DE PARIS 1871

     

    QUELQUES IDEES A RETENIR SUR L’HISTOIRE DE LA COMMUNE DE PARIS

     

    On pense généralement que le 18 Mars est une Révolution, c’est une explosion de colère, de la colère populaire. C’est une explosion de la masse et il n’y a pas de chef. Le gouvernement veut reprendre les canons parqués à Montmartre, mais ce sont les canons du Peuple. On l’en empêche et c’est tout. Le Peuple sort vainqueur de cet affrontement grâce aux circonstances. Il s’avère que les soldats de Thiers n’ont pas reçu à temps leurs attelages de chevaux pour enlever les pièces d’artillerie.

     

    On le sait après ces évènements, Thiers fuit. Il fuit parce qu’il a peur, certes, mais parce que cela a toujours été sa méthode contre la colère populaire. Il a toujours préconisé l’écrasement du Paris ouvrier par la force et déjà en 1848, auprès du dernier avatar des bourbons, il présentait cette méthode qui sera la sienne au cours de la semaine de Mai.

     

    Au soir du 18 Mars, le Comité Central des vingt arrondissements de Paris est à l’Hôtel de Ville. Dans Paris, ses membres ne sont pratiquement pas connus. Ce sont des obscurs. Tous les grands révolutionnaires du temps restent surpris. C’est la stupéfaction chez tous, anciens de 48, opposants acharnés à l’Empire écarquillent leurs yeux embués de vingt ans de lutte.

    Or à cette heure, si l’armée ne s’était pas débandée, si nombre de soldats n’avaient pas mis crosse en l’air, le gouvernement des républicains bourgeois aurait pu rétablir sa situation. Mais il n’y a aucune réserve militaire. Il faut noter que la désorganisation est partout et dans les deux camps.

     

    Paris victorieux, heureusement, commence à s’organiser. Les ouvriers, laissés à eux-mêmes, si l’on peut dire, montrent maintes initiatives. Les obscurs et les révolutionnaires plus connus imbriquent leurs compétences. On élit une Commune et plus de cent mil votants viennent aux urnes. Paris se gouverne seul. Voici là une Révolution. C’est le prolétariat parisien enfin debout…

     

    A Versailles, on sort aussi de sa frayeur. L’idée unique de massacrer Paris hante en un bouillon de fureur remâché la cervelle de Thiers. Et elle se communique à tous. Versailles devient unanime, il faut saigner Paris. Le sang deviendra la seule issue légalisée du gouvernement de la France de cette époque.

    Ainsi ce qu’aucun roi, aucun empereur, n’avait voulu faire, les premiers « républicains » français s’y attèleront. Exterminer d’un coup toute une classe de la société ou dans sa majeure partie pour ce qui est de Paris.

     

    Pendant cinquante jours, Paris sera un flambeau. Nonobstant, les divergences, les accrochages, entre les diverses instances dirigeant la Capitale. (Commune, Comité Central, et sur la fin le Comité de Salut Public, cher aux nostalgiques de la grande Révolution). Mais cinquante jours de vraie république, démocratique et sociale, comme on disait alors. Et pendant ces cinquante jours, ces hommes sortis du rang feront plus de réformes que pendant tous les siècles précédents n’en firent les gouvernements successifs.

     

    Il est certain qu’ils ouvrirent la voie au progrès en France, au progrès social. D’ailleurs la plupart des actes législatifs de la Commune seront repris plus tard par les divers gouvernements de la IIIe République et même des suivantes. (Ecole gratuite, séparation de l’Eglise et de l’Etat, temps de travail, abolition de la peine de mort…) Aucune révolution ne fût aussi efficace sur le plan social et tout cela pacifiquement au cœur de Paris.

     

    Les grands rêves souvent prennent prématurément fin. Thiers monta toute la France rurale contre Paris. Tous les « privilégiés » ruraux et francs ripailleurs parisiens crièrent « A mort » avidement. Et au plan militaire, la Commune nourrit de bravoure, de courage et d’audace de quelques 10000 gardes nationaux ne pourra longtemps défendre les acquis populaires face aux 140000 versaillais entrainés dans le seul but d’un carnage. Le combat fut vite inégal.

     

    Il y eût aussi une accumulation d’erreurs. L’incurie montra les limites du gouvernement ouvrier. Paris isolé, pilonné, perdit pied. Dans Paris, la fête des premiers jours tourna au cauchemar. Thiers, la France derrière lui, avançait inexorablement sur Paris tel un rouleau compresseur. Mais si les officiers et soldats versaillais avaient eux autant de courage que les combattants de la Commune, dès avril, un mois plus tôt que leur plan, ils auraient pu vaincre « la tourbe » comme leur rabâchaient leurs généraux.

    Ils souhaitaient une victoire complète, un écrasement. A dix contre un, comment cela aurait-il pu être autrement ? Et avec de l’audace, les versaillais serait entré dans un Paris las et démoralisé, bien avant. Or sur l’échelle du temps, les jours s’égrenaient, pesaient pour le triomphe sanglant de Thiers et de son plan. Et ce jour mortel arriva.

     

    « La plus belle armée que la France eût jamais possédée » entra dans Paris, par une porte laissée sans garde. Une porte ouverte aux milles vents de la haine, la porte qui se refermait sous le progrès social.

    Mais qu’ils furent bien prudents, les versaillais en s’approchant, jetant un œil méfiant comme des criminels qui cherchent leurs victimes. Des criminels, oui, rappelons-nous que lors des combats hors Paris, tous les prisonniers sans distinctions et sans jugements, étaient fusillés.

     

    Ils attendirent la nuit pour investir plus commodément la ville. De plus, malgré cela, ils ne rencontrèrent aucune véritable résistance. Paris l’inexpugnable n’avait en fait que des bric-à-brac de barricades que de surcroit les versaillais n’attaqueront pas de front. Le contournement, la surprise, le tir dans le dos, étant leur tactique.

     

    Du dimanche 21 Mai au dimanche 28 Mai 1871, Paris « la rouge » devint véritablement écarlate, rouge du sang de son peuple, rouge du sang de ses femmes, de ses enfants. Rouge du sang de 35000 victimes, rouge de ces milliers d’innocents. Versailles décompta en ses rangs peut-être 800 tués du 18 mars au 28 mai.

     

    Thiers vengeait la « société », vengeait sa peur. Et si le massacre dura une semaine, c’est que son plan fût méticuleusement appliqué par sa troupe.

    Des décennies de préméditation eurent leur débouché dans cette semaine là. (Voir aussi, le massacre de la rue Transnonain, le 14 avril 1834). Suivirent les cours prévôtales, la justice sommaire et les vengeances particulières.

     

    Aujourd’hui, si l’on creusait dans tous les squares et les jardins de Paris, dans les caves des immeubles, sur les berges de la Seine, dans tous les lieux d’enfouissement possibles, dans tout Paris, on y trouverait encore des ossements, soyons-en certain. Cela démontrerait le degré d’atrocité de la répression versaillaise.

     

    Paris entre mai 71 et l’élection de Mac Mahon en 1873, avait perdu 100000 âmes. Cent mille âmes communardes, massacrés de la Semaine Sanglante, déportés, bannis, exilés, prisonniers… Cent mille qui payèrent très cher le droit à une vie plus digne. Cent mille hommes car à cette époque seulement les hommes votaient, mais combien de femmes et combien d’enfants ?

     

    Les « honnêtes gens » ont vaincu, la République a vaincu comme en 93, massacrant ses paysans, elle a vaincu en 71 en massacrant ses ouvriers. Voilà, elle a dix années devant elle, cette république bourgeoise pour se fortifier et devenir un instrument redoutable aux mains des « privilégiés ». Pour devenir, ce système d’écrasement du plus humble et renouveler sous son nom de déguisement cette société sans âme et sans cœur qui traverse les siècles à coup de massacres. Tout le contraire du gouvernement social et des idées portées par la Commune. Et elle se fortifie cette république tronquée mettant bas sur son passage toute opposition, monarchistes hors du temps ou républicains trop sociaux.

     

    Aujourd’hui, elle a bientôt cent vingt ans et on ne parle plus de révolution. Merci Monsieur Thiers.

     

                                                                    Clichy, le 8 Novembre 1989

     

     

     

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