• "IL S'EN GAUDISSAIT"

    PHELISE

                                                                                                      MARGUERITE DE SASSENAGE

    (source photos site de l'atelier de "sant johan" commune de Plou en Berry

     

     

     

     

    « IL S’EN GAUDISSAIT »

     

    De la prière aux litières,

    Louis XI ne s’embarrassait pas de commentaires.

    S’il dédaigna sa première femme,

    Marguerite d’Ecosse, que son père lui avait livrée comme compagne,

    du temps où il fût un hargneux dauphin.

    D’autres femmes connurent très bien son profil aquilin.

    Un veuf, cela s’ennuie,

    et lutiner calme l’esprit.

    Pour les belles dauphinoises nobles ou roturières,

    comment ne pas mettre les jambes en l’air,

    devant si royal personnage ?

    Les filles illégitimes, de Phélise Renard et de Marguerite de Sassenage,

    ne regretteront pas les ébats de leurs mères,

    dans les dots et les mariages que fît leur père.

    Mais l’héritier de France ne pouvait rester seul comme cela,

    il se maria donc, sans l’autorisation de son père, avec Charlotte de Savoie.

    Mariage politique qui allait être prolifique.

    Mais dans les brumes de la Belgique,

    deux fils et deux filles moururent en bas âge.

    Il se consolât d’abord avec des lectures volages.

    Les maris trompés et autres nymphomanes

    parcouraient à sa grande joie son crâne.

    Les « Cent Nouvelles nouvelles », mélange de Boccace, préfigurant Brantôme,

    ne sont-elles pas quelque part sa somme ?

    Les gaillarderies lui étaient familières,

    les paillards lui étaient bon compères.

    Mais ce roi peuple n’en honorait pas moins sa femme.

    Anne, Jeanne, Charles, François furent enfanté par la bonne dame.

    Louis XI avait une idée spéciale de la fidélité conjugale,

    en s’octroyant souvent des permissions royales.

    Filles de joie ou femmes de bourgeois,

    à Lyon, à Paris, en campagne, apaisèrent les envies du roi.

    Les Pérette, les Goguette, Huguette ou Catherine,

    faisaient son plaisir, autant qu’elles réjouissaient sa mine.

    L’honneur des maris se lavait en charges et pensions,

    et ceux-là se pâmaient même d’autant de consolations.

    La Cour se délectait de ces fredaines et ces frivolités.

    C’était à qui en avait le plus à raconter.

    Les histoires grivoises, les chroniques salaces,

    pendant les fêtes furent autant de coups de grâce.

    Cela finissait au déduit.

    La Gigone, une veuve, la Passe Filon, femmes forts jolies,

    seront aussi de ces femmes de paysans ou d’artisans,

    qui seront servis royalement.

    Mais le roi libertin arriva à un âge,

    où il fallut se contenter des exploits de son entourage.

    Au détour de la cinquantaine,

    il semble qu’il fût plus en peine.

    S’il aimait les femmes, ce ne fût plus que par galanterie,

    pour en faire ces choses, sur un grabat ou dans son lit.

    Soit mais en politique, il se méfiait bien d’elles,

    les tenant pour de vides cervelles.

    Certes ! Car il dût se résoudre en agonisant,

    malgré qu’il y fût longtemps réticent,

    à ce que sa fille, Anne, assure la régence.

    Ce fût sa punition, qu’une femme, gouverne pendant dix ans la France.

    Toute sa vie, ne s’en était-il pas « gaudit »*,

    selon ses humeurs et selon ses envies ?

     

    JLB 7 janvier 1993

    (Extrait d’Anarkhia)

     

    *Gaudir : Se moquer, s’en faire des gorges chaudes, en rire…

    « Son plus grand plaisir estoit de les gaudir » d’après Brantôme in « Les femmes galantes ».

     

     

     

     

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